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AC Agir ensemble contre le chômage: association qui vous aide dans vos démarches lorsque vous êtes en période de chômage

L'emploi est dans le pré

Les chômeurs trouveront-ils le bonheur dans le pré ?

En faisant découvrir le milieu agricole, comme ici lors d'une visite d'exploitation maraîchère, la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique espère pallier le manque de main-d'oeuvre et attirer de nouveaux salariés, associés et exploitants.

En faisant découvrir le milieu agricole, comme ici lors d'une visite d'exploitation maraîchère, la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique espère pallier le manque de main-d'oeuvre et attirer de nouveaux salariés, associés et exploitants.

L'agriculture manque de main-d'oeuvre. Et la relève des exploitants qui partent en retraite est loin d'être assurée. Pour attirer les demandeurs d'emploi et salariés en reconversion, la chambre d'agriculture de Nantes leur fait découvrir le milieu. Visite d'une exploitation maraîchère avec quelques postulants.

R endez-vous à la Maison familiale rurale de Machecoul, à une quarantaine de kilomètres au sud de Nantes. Seize candidats s'étaient inscrits à cette journée découverte du milieu agricole. Malgré un ramassage en minibus organisé par la chambre d'agriculture, six personnes manquent à l'appel. Le froid ? L'heure matinale ?

Un groupe va découvrir une exploitation maraîchère, l'autre un élevage de vaches laitières. En voiture Simone ! Gildas, 28 ans, est enthousiaste. Vêtu d'un pantalon militaire et d'un blouson d'aviateur, ce solide gaillard d'un mètre quatre-vingt part à la conquête du monde agricole. « L'agriculture me branche à fond », confie cet ex-chauffeur routier qui a mis un peu d'argent de côté. Au cas où ! Gildas se verrait bien « propriétaire d'une ferme à l'ancienne sur laquelle je ferais pousser des légumes. »

À ses côtés dans le minibus qui file vers l'exploitation maraîchère, Caroline, 25 ans, ne jure que par le bio et les médecines douces. Fâchée avec l'école depuis la terminale S, la jeune femme pense avoir trouvé sa voie dans la culture des plantes aux vertus sympathiques. « J'ai bossé dans la restauration, monté des matelas d'isolation dans l'industrie aéronautique. En travaillant dans l'agriculture, je pense que je serai plus proche de ce qui me correspond. Je suis cliente d'une Amap (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) et j'ai déjà visité des fermes. »

À peine le temps de faire connaissance, le minibus arrive à l'EARL Lejuez, une entreprise agricole à responsabilité limitée. On est en plein coeur du bassin maraîcher nantais. Des tunnels de plastique blanc à perte de vue et d'imposantes serres chauffées tapissent le paysage. Benoît Renaudineau, 38 ans, un des deux frères propriétaires de l'exploitation, est un fer de lance de la culture intensive. « On a 50 hectares en plein champ et 7 autres sous abri. Ici, on récolte la mâche toute l'année. On fait aussi du radis pendant huit mois. »

Le maraîcher explique comment « on désinfecte le sol pour qu'il soit propre avant de semer » ; pourquoi il doit apporter azote et phosphore à la terre ; comment, dans son exploitation, on sème la mâche sur 272 km de bandes de terre sablonneuse d'un mètre quarante de large. « Les tracteurs sont équipés de GPS, les chauffeurs n'ont pas à toucher le volant... »

« La principale qualité c'est le courage »

Les visiteurs sont à la fois étonnés et sceptiques. On est loin du bio et de la ferme d'antan. Avec 22 salariés, cette exploitation est une petite entreprise. Les frères Renaudineau font partie du groupement Océane : 34 producteurs associés qui alimentent le marché européen en mâche, concombres, tomates, poireaux, radis et fraises. Malgré une mécanisation poussée, Océane emploie plus de 700 personnes : des chauffeurs d'engins et des travailleurs manuels. « Dans le maraîchage, pas besoin d'être qualifié. La principale qualité c'est le courage », lance Benoît.

Sylvie, 53 ans, le sait bien. « J'y ai travaillé 7 ans et 9 mois, dans la région de Vigneux, confie-t-elle. Je viens d'être licenciée car ils ont pris les terres pour construire l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. » Si elle ne trouve pas un autre emploi, Sylvie est prête à retravailler dans le froid de l'hiver, l'humidité de l'automne, et sous le cagnard de l'été. Judith assure, elle aussi, pouvoir tenir le choc. « De toute façon, j'ai pas le choix ! » Le 14 février, le permis de séjour de cette Malgache de 34 ans qui vit de petits boulots expire. « Et sans travail, pas de permis ! » À l'écart du petit groupe, un jeune d'une vingtaine d'années ronchonne contre l'agriculture intensive, les pesticides, la malbouffe... Titulaire d'un CAP d'électricien, cet alternatif rêve d'un autre monde et envisage plutôt se lancer dans l'élevage des chèvres.

Les cinq demandeurs d'emploi retrouvent les cinq personnes qui ont visité l'élevage laitier. Catherine est ravie. « J'ai travaillé dix ans dans le toilettage canin. J'aimerais bien retourner dans le milieu des bêtes », s'enthousiasme cette femme de 47 ans. Bottes aux pieds, bonnet de laine rivé sur les oreilles, Imal et Islam, deux Russes vivant en France depuis 2003 et 2007, sourient. Le froid tenace ne les perturbe pas. Le maniement de la fourche non plus.

Autour du buffet froid et convivial, les conversations vont bon train et les langues se délient. Marié à une enseignante, Emmanuel, 38 ans, ancien étudiant en fac de lettres devenu chauffeur-livreur puis vendeur de fringues avoue être « allergique au travail ». Ce père de trois enfants ne cache pas « profiter des aides qui se présentent » et « jongler avec les dispositifs d'insertion professionnelle ». Cependant, s'il le faut, Emmanuel se dit prêt à faire un effort. « Il me manque un petit diplôme pour intégrer un service de remplacement. » La chambre d'agriculture peut lui arranger ça !

Jean-Jacques REBOURS.

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